Suite de mon parcours du Top 6 de ma jeunesse, avec Buttman’s ultimate Workout et New Wave Hookers 2.
Dans un post précédent, il y a six mois de cela, j’écrivais :
« Etant né en 1978, je suis d’une génération où le film porno n’était pas un lieu, contrairement à la génération d’avant ayant connu les cinémas X. Le porno n’était pas non plus une adresse web ou un fichier torrent, comme cela peut l’être aujourd’hui avec l’expansion interrompue du porno pirate et légal sur la toile.
Non, à mon époque, le porno était un objet, un objet noir en plastique, la VHS, que nous cachions dans les cartables, dissimulée dans des boites de jeux vidéos – oui c’était aussi une époque ou les boites de jeux vidéos étaient à peine plus petite que des boites de céréales, avec leurs lots de 7 disquettes à charger sur l’Atari ou l’Amiga.
Entre le moment ou la nouvelle circulait dans le collège – untel a enregistré le film sur canal – et le moment ou vous parveniez à insérer la cassette tant désirée dans le magnetoscope familial, il pouvait se passer 10 jours. Le temps que votre nom arrive enfin au sommet de la liste d’attente d’Untel, le temps qu’il vous amène la cassette, le temps que vous trouviez l’occasion d’avoir la maison pour vous tout seul, et le temps d’en avoir envie – non je plaisante, à cette âge-là on en avait toujours envie. 10 jours, un grand contraste avec les temps actuels ou une simple requête sur emule ou google suffit pour déverser un flot d’images et de videos pornos comme pas possible.
Ce trafic de VHS dans le boitier de jeu vidéo, adoptée par l’ensemble des garçons du lycée, était tellement rentré dans notre système nerveux que je ne peux m’empêcher d’associer les premiers films pornos que j’ai pu voir dans ma vie avec le titre du jeu dans lequel je le dissimulais. Par exemple, New Wave Hookers II reste irrémédiablement associé avec Captain Blood sur Amiga. C’est comme ça. »
En faisant une petite enquête, j’ai même pu reconstituer une certaine chronologie dans l’apparition de ces films chocs – elle était à cette époque forcément couplée avec les diffusions des films de canal+. Je n’en avais vu que deux ou trois dans cette série, mais les noms me parlent avec la même intensité que le nom d’un ancien camarade de classe retrouvé sur Facebook :
1992
-Octobre : New have hookers 2 (1991) de Gregory Dark
-Novembre : Barbara (1990) de John Love
-Décembre: La chatte 2 (1991) de John Leslie
1993
-Janvier: Les leçons de Carolla (1975)
-Février: Fantasmes nocturnes (1989) d’ Andrew Blake
-Mars: Mes nuits avec…Alice, Penelope, Arnold, Maud et Richard (1976) de Fréderic Lansac
-Avril: Roxi passionnement (1991) de Jack Remy
-Mai: Couples infidèles (1991) de Michel Ricaud
-Juin: Buttman’s ultimate workout (1990) de John Stagliano
-Juillet: Les Echangistes (1990) de Paul Thomas
-Août: Grand prix Australia (1992) d’ Alex De Renzy
-Septembre: Femmes Cameleons (1992) de John Leslie
Les gaillards que nous étions allaient avoir 23 ans l’année du 11 Septembre.
On parle souvent de Digital Native, et Digital Emigrants, nous avons fait vraiment partie de la race des Digital Pionniers – nous étions assez vieux pour avoir connu le monde à l’ancienne , celui des VHS, et assez jeunes pour s’approprier ce qui apparaissait avec Internet.
Pour nous, la compression abominable des premières vidéos sur le web n’était rien, comparée à un film crypté de canal. Dans la cour du lycée, des débats interminables s’échangeaient sur la meilleure manière de percevoir le film à travers le cryptage. La technique du pull noir, dont il fallait écarter les mailles et regarder à travers pour déchiffrer l’image, était la plus populaire de toutes. Mais elle ne marchait absolument pas. Cependant personne ne le mentionnait, de peur de passer pour un débile ne maitrisant pas la technique du pull.
2. Buttman’s Ultimate Workout , de John Stagliano (1990)
Je fais partie de cette école qui pense que sans l’oeuvre pornographique de John Stagliano, beaucoup de choses n’auraient pas existé, à commencer par Jackass, CKY, toute l’oeuvre de jeunesse de Spike Jonze, donc par extension un bon paquet de clips, une grande partie de la génération MTV,un faisceau de films tels que Blair Witch Project ou Cloverfield. Et en filiation directe, bien sûr, toute la série des Bangbus et consorts.
On a du mal à se représenter les connexions profondes qui pouvaient exister à cette époque là, en Californie, à Santa Monica, entre le milieu du skate, le porno, et cette industrie des petites prods, pullulant dans l’état de Californie, pouvant indifféremment filmer un week-end une compétition de skate, en semaine des vidéos de télé-achat, et la nuit des boulards maison.
John Stagliano, non content de se créer un alter ego, Buttman, s’est jeté sur la vidéo avec intensité et gloutonnerie – en filmant de la manière la plus naturelle et la plus subjective possible, le fameux POV (point of view) filming , du sexe entre jeunes gens, mais sans jamais dédaigner l’histoire, tenant toujours entre les cuisses un scénario frais et assez marrant pour que les trimballements de la caméra ne deviennent plus un obstacle au réalisme, mais une aide au réalisme. C’est le style Gonzo.
Buttman’s Ultimate Workout est l’exemple le plus édifiant de l’oeuvre de Stagliano. Son casting masculin, auquel peut-être manque Peter North, reste emblématique du X californien de l’époque : Randy Spears, Seymore Butts, Tom Byron et TT Boy.
A ce casting s’ajoute Rocco Siffredi, interprétant le rôle Tarkovskien de Dario, gentleman Italien à la recherche de l’âme soeur.
L’histoire de Buttman : la destinée d’un couple, Dario et Zara Whites, qui ne se connaissent pas mais sont fait pour s’imbriquer, et se chercheront tout le film, un petit peu comme « You’ve got mail », sauf que la retrouvaille entre Rocco et la jeune hollandaise, qui fait ici sa première apparition à l’écran, est un peu plus musclée que celle de Tom Hanks et Meg ryan.
Images récupérées grâce au site vintage porn Cinema Paradiso
Parallèlement à cela, le héros et cadreur du film, Buttman, se fait pincer en train de filmer les nénettes dans une salle de muscu, et en guise de punition se voir obliger de servir de cadreur de service pour filmer toutes les cochoncetés que les abonnés du club accomplissent lorsque la nuit tombe.
Ce film doit être d’ailleurs à l’origine d’une grande hausse des inscriptions en salles.
3. New Wave Hookers 2, de Gregory Dark (1991)
Moins de choses à dire sur New Wave Hookers 2, si ce n’est, comme dans toute la série, un stylisme incroyable, une fantaisie très haut perchée (notamment l’orgie entre une femme et plusieurs hommes-canards), et une histoire qui fait mouche : une musique, ou plutôt une série de fréquences sonores, rend n’importe femme complètement folle de sexe. Quand on a 16 ans et que l’on regarde ça, on en deviendrait presque féministe. On comprend que cet engin n’existe pas et qu’il va falloir ramer.
Avec, rappelons-le, Savannah en rôle titre. La jeune actrice, 3 ans après ce tournage, a un accident de la route en revenant de soirée.
Elle rentre chez elle malgré tout, le visage blessé et lacéré. Paniquée par les répercussions de telles blessures pour ses prochains tournages, et sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, elle se cloitre dans son garage, et se tire une balle dans la tête. Elle avait 24 ans.
Excellent ! ça m'a fait bcp sourire car c'est tout à fait vrai ! Je me reconnais vachement dans le trruc de la VHS 😉
Ca c'était de la semaine du sexe !
Remboursez ! Remboursez !
D'autres ont bien repris le flambeau, excellente semaine du sexe ici : http://marivaudage.blogspot.com/
ahah moi je mettais des faux titres sur les K7, j'avais caché un rocco siffredi derrière le titre « Jambon, Jambon » un film espagnol de cette époque… comme ça en plus du camouflage j'avais un répère mnémotechnique 🙂